• Rallye de Finlande 2012

    Mon rallye de Finlande 2012, du 2 au 4 août

    Données brutes du 62ème Neste Oil Rally Finlande

    17 WRC
    Citroën : Loeb, Hirvonen, Neuville, Atkinson
    Ford : Latvala, Solberg, Ostberg, Tänak, Novikov, Ketomaa, Rantanen, Prokop, Block, Lindholm
    Mini : Tahko, Araujo, Nobre

    S-2000
    Skoda : Ogier, Mikkelsen, Paddon
    Ford : Breen, Lappi
    Proton : P-G Andersson, Salo

    81 engagés
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    Préambule

    Avec ma moitié, nous nous y sommes rendus en 2010, et nous en avons gardé un très bon souvenir. C’est pour ça que je pense y retourner en 2012 et que j’envisage de nouveau un voyage en avion et la location d’une voiture sur place. Mais avant que j’effectue les réservations, un bon pote américain (qui m’avait invité et reçu chez lui quelques années auparavant) m’annonce qu’il vient au Danemark pour une conférence et qu’il aimerait me revoir. Cruel dilemme, les dates sont proches, je sens que ça va être chaud. Comment être le samedi 28 juillet au Danemark et le mercredi 1er août en Finlande ? Surtout que côté billets d’avion, avec en plus la location d’une bagnole au Danemark et une autre en Finlande, mon budget est déjà dans le rouge.

     Que faire ? Bin, pardi, il me suffit d’y aller avec ma propre bagnole (une Freemont toute neuve) ! Je concocte immédiatement un itinéraire, calcule les durées de trajet, combine le tout pour passer voir notre ami au Danemark, visiter Copenhague, passer en Suède et visiter Stockholm en coup de vent, passer en ferry jusque Turku (11 heures de navigation, mais prix dérisoire), et ensuite aller du côté de Jyvaskyla pour la durée du rallye. Impeccable, sur papier, ça fonctionne.

     Je vous épargne les détails du voyage aller, et nous passons directement au mercredi 1er août. C’est le premier jour du rallye de Finlande 2012, qui a un découpage assez inhabituel : un shakedown et une spéciale de qualification le mercredi soir, suivis par 3 jours de course du jeudi au samedi.

    Mercredi 1er août, shakedown et spéciale de qualification (Ruuhimaki)

    Ce mercredi matin, donc, nous partons de Turku, où nous sommes arrivés la veille au soir, pour rejoindre notre hôtel à Orivesi (à 200 km). Contrairement à notre précédent rallye de Finlande où nous logions à quelques centaines de mètres du service park, nous avons été forcés de choisir cet endroit situé plus au sud de Jyvaskyla à cause des 3 spéciales du jeudi qui se dérouleront du côté de Lahti (170 km au sud de Jyvaskyla). Nous serons loin du shakedown (130 bornes), mais nous serons proches (30 km) de la power stage du samedi.

    Ainsi, nous imaginons avoir tout le temps d’aller déposer nos bagages à l’hôtel, puis d'aller nous poster dans le shakedown (de 16 à 18h) qui servira de spéciale de qualification plus tard (19h30)

    Première erreur. Vu les distances à parcourir (330 kms), les limitations de vitesse, une grosse déviation pour cause de travaux, nous sommes finalement à la bourre. Le shakedown commence à 16 heures, nous arrivons pile à 16 heures, mais il faut se garer. Je vois des mecs qui se garent au bord de la route, je me gare derrière eux et nous préparons notre sac à dos un peu précipitamment pour ne rien rater, puisqu'il faut parcourir 300 mètres et trouver un emplacement pour assister aux premiers passages.

    On entend les premiers coups d'accélérateur au loin (les connaisseurs me comprendront, ça, ça rend fou). Je me suis à peine éloigné de 10 mètres de la voiture qu'un finlandais arrive en courant et m'engueule : il y a un parking payant à 200 mètres sur le côté. Je remonte dans la bagnole, je file payer et me garer au bon endroit, je retrouve ma moitié et nous courrons. Ouf, nous n'avons raté qu'une seule voiture. Nous nous trouvons dans la dernière épingle du shakedown. Ils passent tous comme des fous sauf les Minis.

    Et c'est à ce moment-là que survient un orage démentiel : d’abord des trombes d'eau, puis la foudre tombe sur un arbre de l’autre côté de la route, et ensuite nous prenons des seaux de grêlons. C’est là qu’on prend conscience de l’expression : « de l’électricité dans l’air ». Des spectatrices ont quelques cheveux longs à l’horizontale, il y a une odeur de bois brûlé, plus personne ne parle.

    Comme nous sommes partis en courant, nous n'avons pas pris les vêtements de pluie ni le parapluie, ma douce a juste un imper très perméable. Je suis trempé. C’est notre deuxième erreur. Je retourne à la voiture au galop en protégeant mon appareil photo comme je peux. Je me change, j'enfile mon imperméable, je sèche mon matos, je cache mon portefeuille qui est trempé, je trouve le parapluie et je file retrouver ma petite qui n’en mène pas large. Nous regardons passer les dernières voitures, c'est déjà la fin du shakedown. Il est 18h, le passage chronométré est prévu pour 19h30, mais nous décidons de plutôt aller voir au parc d'assistance à Jyvaskyla. Et ça nous rapprochera de notre hôtel.

    Nous arrivons à Jyvaskyla et c'est comme si nous y avions habité longtemps... On reconnaît les avenues, on se gare où on se garait il y a 2 ans, tout près de l'appartement que nous avions loué et habité 5 jours. Nous comprenons que c'était la bonne solution, il n'y a presque personne dans le parc d'assistance. Les voitures sont évidemment déjà revenues, les pilotes sont disponibles, c'est facile pour les photos. Nous passons tous les teams d’usine en revue (les 17 WRC, plus les 2 Skodas d'usine), Hirvonen me signe mon programme, je me fais prendre en photo avec Ken Block, on voit toutes les voitures repartir sagement pour la spéciale de qualification. C'était le bon moment pour venir, demain, ce sera noir de monde.

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    Petite mention spéciale, nous avons un petit faible pour Mads Ostberg depuis que nous l'avons suivi, filmé et dépassé sur le routier en Alsace en 2011. Je lui ai raconté en février au rallye de Suède que j’avais été plus rapide que lui en France, et ça l'a fait sourire. C’est aussi le seul que mon épouse reconnaît (il est mignon, me dit-elle).

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    Sur un grand panneau d’affichage, nous voyons que Sébastien Loeb a réalisé le meilleur temps de la qualification, il choisira donc sa place de départ pour demain (10ème sur la route apprendrons-nous plus tard).

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    Jeudi 2 août, ES 1 (Koukunmaa) du côté de Lahti

    Aujourd'hui, nous sommes prudents. Première action de la journée, nous rendre au supermarché pour acheter de quoi survivre pendant 2 ou 3 jours en campagne. La première spéciale chronométrée débute à 17h23, et elle se trouve à 120 km de notre hôtel. Nous partons tôt et nous sommes sur place à 13h30. Nous nous garons à moins de 500 mètres de l'endroit que nous avons sélectionné, il y a déjà du monde ! Mais le jeu en vaut la chandelle, c'est un des rares endroits de la spéciale où on voit les voitures longtemps.

    Quand nous arrivons (4 heures avant le passage des voitures), il n'y a pas un chat, mais au passage des voitures, la colline est grouillante de monde. Neuville nous gratifie du plus beau passage, et nous comprenons tout de suite pourquoi avec son troisième temps, derrière Loeb et Solberg. Avec ma tablette et un bon 3G, je deviens la coqueluche de nos voisins estoniens qui comme moi ne comprennent rien aux commentaires imbitables de la radio finlandaise qui sont retransmis par haut-parleurs. Bientôt, une demi-douzaine de têtes blondes lisent les temps par-dessus mon épaule, on m’offre même des bières en guise de remerciement.

    Neuville2012.jpg
    Thierry Neuville, débutant en WRC en 2012, montre déjà qu'il a l'étoffe des meilleurs !

     

    Vendredi 3 Août, ES 7 et 10 (Palsankyla) au nord-ouest de Jyvaskyla

    Nous jouons la sécurité et nous arrivons un peu plus de deux heures avant le passage de la première voiture à 12h14. Nous avons choisi un « big jump » : d'après un commissaire que j’interroge, même les plus lents arrivent à décoller des 4 roues. Il y a déjà une haie de spectateurs des deux côtés de la route. Tant pis, nous nous installons derrière une bande de finlandais plutôt calmes et tous assis. Avec un peu de chance, j'arriverai à filmer quelques sauts. Et comme nous resterons sur place en attendant le second passage (à 16h54), peut-être pourrons-nous nous rapprocher de la rubalise.

    La description du guide du spectateur et les indications du commissaire se sont révélées exactes, ce spot vaut la peine. Le tout est de s'y faire une "niche". Les premières voitures ne sautent pas très haut, mais après le passage de Sébastien Loeb (10ème sur la route aujourd'hui), ça va crescendo. La palme revenant à Mikkelsen (Skoda) qui laisse le pare-choc avant de sa Skoda sur place après un saut incroyable, mais un atterrissage sur la calandre qui nous fait croire un instant qu’il va faire un tonneau par l’avant. Malheureusement, je rate la photo du jour, parce qu’un finlandais bourré a trébuché derrière moi au moment fatidique, a poussé violemment mon bras, ce qui m’a fait filmer la cime des arbres…

    Solberg2012.jpg.cf62cdb61dac2e6ee6d76cb644a3c94f.jpgPetter Solberg décolle !

    Classement de la spéciale 7 : Loeb devant Latvala et Solberg.

    Nous attendons sagement le deuxième passage. Comme quelques places devant nous se sont libérées, ma moitié en profite pour passer du second au premier rang. Figurez-vous qu’entre le premier passage (ES 7) et le second (ES 10), une équipe de l’organisation débarque de nulle part et plante en vitesse des panneaux publicitaires. Bien vu, il y a de nombreux photographes, la pub sera sur tous les clichés.

    Au deuxième passage, les WRC passent évidemment plus vite, et donc plus haut, et Neuville gagne ses galons de pilote qui en a. Il est, avec Loeb, un des non-finlandais à avoir déclenché une salve d'applaudissements spontanés. 

     

    loeb2012-1.jpg.7730349cbaec8ad2bf1577a235249e51.jpgSébastien Loeb, au rupteur

    Classement de la spéciale 10 : Loeb devant Hirvonen et Latvala.

    Samedi 4 Août, ES 17 et 18 (Ouninpohja)

    Nous restons de nouveau prudent en allant nous installer dans la spéciale située à 30 km de notre hôtel et qui sera parcourue deux fois. En arrivant plus de 4 heures avant le passage des voitures, nous avons la possibilité de traverser la spéciale, et de nous garer dans une prairie à 20 mètres de la route. En face, nous avons un vue imprenable sur 200 mètres de la spéciale. Quand nous nous sommes installés contre la clôture, il y avait 12 personnes, 1h30 plus tard, ils sont des centaines. Il tombait quelques gouttes à notre arrivée, il ne pleut plus. Nous sommes impatients de les voir passer.

    C’est la plus longue spéciale du rallye, 33km, qui sera parcourue une première fois à 15h37 et ensuite en tant que power stage à 18h. Avantage de notre parking : il est au bord de la spéciale. Désavantage : nous sommes bloqués jusqu'au passage du dernier concurrent, vers 19h45. Heureusement, notre hôtel est situé à 30 minutes de route.

    Imaginez notre étonnement quand nous avons vu passer cette limousine sur la spéciale. Sans doute le traitement réservé à quelques VIP.

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    Voilà, les premières voitures passent, mais en générant un énorme nuages de poussière, que le vent rabat de notre côté. Ah ça, on va en déguster, de la poussière. La pluie prévue par la météo n'arrivera jamais. Les vitesses sont énormes, les dérives bien contrôlées, je dois sans cesse souffler la poussière déposée sur l’objectif. Heureusement, le vent change de direction, la poussière profite maintenant à ceux « d’en face », et nous assistons au passage des petites voitures.

    Classement de la spéciale 17 : Hirvonen devant Loeb et Latvala.

    Pour le deuxième passage, les conditions n’ont pas changé, sinon l’état de la route, qui était plate et lisse avant le premier passage, et qui se retrouve maintenant complètement défoncée et laisse apparaître de nombreuses pierres. Il faudra de méfier des projections. Et contrairement à ce que j’imaginais, la meilleure WRC (celle d’Hirvonen les deux fois) va améliorer de 9.6s malgré les ornières. L’octroi de points supplémentaires dans les power stage donne des ailes ?

    Hirvonen2012.jpg.d80201d89c3742a6a4a34c3484d4c2ae.jpgMikko Hirvonen dans ses oeuvres...

    Alors que la tension est un peu retombée et que passent les sans-grades, un ivrogne se présente à l’endroit où est installée une traversée tenue par deux commissaires. Les passages toutes les minutes sont assez soutenus, le gars à la démarche hésitante se fait rembarrer par le commissaire. Et l’inconcevable se produit : l’ivrogne profite d’un moment d’inattention du commissaire pour traverser nonchalamment alors qu’une voiture apparaît dans la grande courbe. Toute la rangée de spectateur retient son souffle, on s’attend au pire ! Le pilote a dû le voir, il va ralentir… mais non, la Mitsubishi arrive dans un grand travers, alors que le poivrot regarde dans la direction opposée. Fort heureusement, au dernier moment, le soûlard s’aperçoit de quelque chose et s’arrête net. La voiture le frôle et disparaît dans un nuage de poussière.

    Aussitôt, le commissaire défaillant et quelques spectateurs se jettent sur l’éponge et l’embarquent manu militari. Nous venons d’échapper à une catastrophe, nous n’avons même pas eu le temps d’imaginer les suites d’un impact à cette vitesse.

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    Classement de la spéciale 18 (power stage) : Hirvonen (3 points) devant Solberg (2 points) et Loeb (1 point).

    Sorti le premier du parking de ce dernier chrono, un commissaire m'a proposé d'emprunter la spéciale plutôt que l'accès qui était complètement embouteillé. J'ai fait la moitié d'Ouninpohja avec ma voiture quelques minutes après le dernier concurrent (on a peut-être pensé que j'étais le dernier concurrent), avec plein de spectateurs qui m'encourageaient à rouler plus vite, sur une route défoncée par les deux passages. C'est là qu'on prend conscience de ce tourniquet géant : ça monte, descend et tourne sans arrêt. J'en ris encore en y repensant.

    Résultat final de ce rallye de Finlande : Sébastien Loeb s’impose avec une avance finale de 6.1s sur son coéquipier Mikko Hirvonen. Jari-Matti Latvala complète le podium à 35.0s du vainqueur. Petter Solberg termine à la quatrième position à 56.1s. Mads Ostberg s'est assuré la cinquième place devant Ott Tänak.

    Le rallye est fini, nous avons vu de beaux passages, nous avons bien ri (sauf avec quelques alcooliques moins marrants), nous avons sympathisé avec des vrais amateurs de rallye, j’ai envie de dire : what else ?

    Nous referons le même trajet au retour, et nous rentrerons en Belgique heureux mais fourbus par les 6.500 km parcourus en 15 jours. Cependant,  nous aurons à peine le temps de nous reposer parce que l’envie soudaine d’aller assister à l’ADAC nous prendra et que nous nous retrouverons à Trêves à peine 15 jours après être repartis de Jyvaskyla. Mais ça, c’est une autre histoire !


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